Wishbone Ash – Argus

Difficile de s’y retrouver aujourd’hui dans le grand fourre-tout que représentent les disques passés. Devant la médiocrité du quotidien, on est pourtant tenté de se tourner vers ce passé avec un fantasme: trouver la perle qui nous a échappé, le disque qui change notre vie. Grâce à la chronique du dimanche sur pulpmymind, on vous mâche le travail en vous présentant un disque indispensable par semaine. Satisfait ou remboursé.

Wishbone Ash – Argus (1972)

Argus

La pochette est une création du fameux collectif Hipgnosis.

La famille Wishbone Ash est vaste et bordélique. À peu près 25 membres au cours des années (du débuts des 70’s à maintenant) pour 22 albums (sans compter les lives et EP), avec comme aberration ultime l’existence de deux Wishbone Ash: l’historique d’Andy Powell et le Martin Turner’s Wishbone Ash – le second se contentant de donner des concerts et de sortir des lives. Dans ce cirque, et au vu de la médiocrité de leurs albums plus récent, le groupe s’est en quelque sorte liquéfié, et le public a bien vite oublié ce dinosaure dont l’inconstance n’intéresse personne.

Pourtant, si on revient un peu en arrière, avant les premiers départs/remplacements, Wishbone Ash a changé le monde. À l’époque, suite à l’indécision de Powell, le groupe se retrouve avec trois guitaristes et la nécessiter de les coordonner entre eux. Dans la plus droite lignée du Allman Brothers Band, le groupe joue alors la carte de l’harmonisation des guitares.

– Harmonisation, mais quoi que c’est ? Simple: lorsqu’un groupe réunit deux guitaristes, ils peuvent soit se confiner à des rôles définis à l’avance (la vision classique – un fait la rythmique, l’autre les leads) soit s’harmoniser et se retrouver à jouer soit les lead soit les rythmiques en même temps. Pour un rendu optimal, il y a plusieurs manières de faire:

– En rythmique: le premier joue la mélodie ou le riff, et le deuxième le suit, soit à la tierce (il monte de trois ton), soit à la quinte (il monte de cinq tons), soit à l’octave (il joue une octave au dessus/en dessous, voir la même chose). Le dernier est moins évolué et sert surtout à renforcer la puissance d’un riff (Judas Priest en fera une spécialité).

– En lead: les soli doivent être composés pour, tout en étant des phrases mélodiques indépendantes, respecter entre eux les règles des harmonies et des dissonances afin de créer des effets harmoniques communs (l’exemple type, c’est Free Bird).

Si ce détail fait du groupe un précurseur important d’Iron Maiden, Judas Priest et Thin Lizzy (et donc indirectement d’une bonne tonne de groupes de heavy), Argus va plus loin que ces détails d’archéologue. En sept titres, le groupe réussit tout simplement le grand chelem: sept merveilles. Si le travail d’harmonie y est pour beaucoup – Leaf and stream pour la version délicate et le fantastique Throw Down The Sword pour le solo enflammé -, Wishbone Ash cogne fort dans tout ce qu’ils tentent: les choeurs sur l’intro de Time Was – tout le monde chante dans Wishbone Ash -, le riff mammouth sur Warrior, l’intro qui gonfle sur The King Will Come… Bref. Chaque titre a son intérêt et la nouvelle version propose même des bonus, dont une version live du fabuleux Pheonix et pour deux exemplaire achetés, vous avez 10% de réduction sur tout les produits laitiers.

Si de nombreux groupe intéressants diluent leur intérêt dans l’inégalité, Wishbone Ash a eu le bon goût de pondre un chef d’oeuvre, histoire qu’on ne les oublie pas. Alors maintenant, c’est à vous de jouer.

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